Guy Liagre est le secrétaire général de la Conférence des Églises Européennes (KEK) depuis juin 2012. Je l'ai rencontré à Porto Alegre en 2006 lors de l'assemblée du COE à Porto Alegre où il représentait l’Église protestante unie de Belgique, dont il était à l'époque président et l'ai régulièrement croisé au comité central de la KEK. Il a donc accepté de répondre à quelques questions :
CSG : Bonjour Guy Liagre, vous êtes secrétaire général
de la Conférence des Églises Européennes (KEK), comment se passe pour vous
l’assemblée ? Quelles sont vos impressions ?
GL : J’étais délégué à l’Assemblée de Porto Alegre
aussi (9e assemblée du COE, NDLR), et la première impression, si on
compare Porto Alegre et Busan, c’est qu’on est plus dans le formel ici que dans
le festif, dans le sens qu’à Porto Alegre, l’ambiance était plus décontractée,
plus festive qu’ici. C’est peut-être lié aussi à l’infrastructure : A
porto Alegre les cultes se faisaient sous chapiteau, ici ils ont lieu dans une
salle. On voit aussi que dans les réunions, les interventions essaient d’être
très factuelles ; dans mon groupe d’étude biblique, par exemple, les
choses sont menées de telle façon qu’on essaie d’atteindre un but, alors qu’à
Porto Alegre, les études bibliques étaient vraiment organisées pour que les
gens se parlent. Ici, quand on fait parler les gens entre eux, c’est pour
répondre à certaines questions.
Je sens que c’est une tendance un peu générale
dans cette assemblée, ce qui rejoint ce que j’ai ressenti à notre assemblée
générale de la KEK, à Budapest, qui était très formelle, pendant laquelle on a
surtout discuté de choses administratives et pas tellement du contenu travail
qu’on fait. L’autre question, pour moi, est de savoir si on va entrer en débat
sur les choses qu’on a entendues en session, par exemple sur le texte sur la
Mission ou la déclaration sur l’Unité. Va-t-on vraiment entrer en dialogue sur
ces points-là ou est-ce qu’on va en rester au stade de la présentation ?
CSG : quels liens vois-tu entre le travail de la KEK et
celui du COE ?
GL : Je pense que dans la nouvelle organisation, le COE
veut en quelque sorte se décentraliser, insister sur l’aspect régional
(c’est-à-dire au niveau des continents, NDLR) car les régions sont très
différentes, et donc la KEK peut jouer là un rôle important. Après cette
assemblée, on doit ouvrir le dialogue pour voir comment les deux organisations
peuvent se compléter, travailler en synergie. On se demande parfois pourquoi il
y a deux organisations, la KEK et le COE en Europe, mais une des réponses,
c’est que la KEK travaille au niveau politique, ce que le COE ne veut pas
faire, donc par exemple pour discuter avec les institutions, le COE va toujours
passer par la KEK.
D’un autre côté, quand on travaille sur un projet comme
celui de l’éducation théologique en Europe, il est tout à fait clair qu’il faut
le mener en relation avec les projets du COE au niveau mondial. Il y a aussi
des coopérations, comme par exemple le manuel de théologie orthodoxe (Handbook
for orthodox theology) qu’on a édité ensemble, avec un comité composé de
membres du COE, de la KEK et de la Volos Academy, académie de théologie
orthodoxe en Grèce. Ce n’est qu’un exemple de la synergie qu’on arrive à avoir
entre différents partenaires.
(c) PhotoOikoumene |
CSG : Cet été, il y a eu l’assemblée de la KEK, comment
voyez-vous la « nouvelle vision » de la KEK, quel va être le visage
de la « nouvelle » KEK ? Vers quoi la KEK va-t-elle et la sentez-vous
bien engagée ?
GL : En ce qui me concerne, pour la KEK, il y a deux
éléments, le contenu et la structure. A Budapest, on a surtout parlé de la
structure, donc le prochain conseil de direction va se concentrer sur la mise
en œuvre de la nouvelle constitution de la KEK. J’ai préparé un échéancier pour
la réorganisation, il y a aussi des questions techniques, qui semblent simples
mais ne le sont pas, comme la fusion de trois bases de données dans des
systèmes informatiques différents ou la refonte du site internet et ce ne sont
que deux petits exemples.
Je vais proposer au conseil de direction que le
travail de la KEK ne se fasse plus par des commissions, comme jusqu’à présent,
mais par programmes. On va pouvoir rattacher plusieurs personnes à un
programme, et une personne pourra travailler à plusieurs programmes en même
temps, suivant les besoins. On pourrait imaginer par exemple qu’une même
personne travaille en même temps pour le programme sur les droits humains et
celui sur le travail auprès des migrants alors que, pour l’instant, c’est très
compartimenté. Par contre, au niveau du contenu, on cherche à continuer et à
renforcer le travail que l’on faisait déjà. Par exemple, je prépare en ce
moment la rencontre annuelle du comité joint KEK-CCEE (CCEE = conseil des
conférences Episcopales d’Europe), mais aussi un séminaire sur la situation des
Roms en Europe, que l’on organise à Bruxelles pour pouvoir impliquer aussi des
personnes travaillant pour les institutions européennes.
CSG : Merci Beaucoup
réponses recueillies par Claire Sixt-Gateuille le 05/11/13
Merci Guy et... bon courage !!!
RépondreSupprimerMerci, Guy et Claire pour ce rapportage. Je suis impressionné par la direction que tu prends vis à vis la façon de travailler par programme au lieu de par commission. J'étais analyste des politiques au Nouveau Brunswick, et j'avais comme tâche de rédiger les modalités de soutien à la communauté artistique qui était très diverse et divisée par les deux langues anglais et français. Tu as raison, la voie de canaliser les activités par programme est beaucoup plus efficace et productive, parce qu'on peut partager les savoirs entre plusieurs domaines à la fois, et on peut ainsi abattre les cloisons qui séparent les unités ou les divers segments des unités qui nuisent à la fluidité des processus d'affaires.
RépondreSupprimerBravo et bonne continuation!
Marie-Christine Michau
RépondreSupprimerMerci à Guy d'insister sur la collaboration entre la KEK et le COE. Est-il envisagé d'encourager les Eglises d'Europe qui ne sont membres que d'un seul des 2 organismes à participer aux 2? Bon vent à l'Europe en collaboration avec le reste du monde!