Fatigue (c) Claire Sixt Gateuille |
Nous sommes le dernier jour de l’assemblée. Je suis un peu
sonnée par la fatigue, étourdie par toutes les rencontres et tous les échanges
inter-personnels, parfois très profonds. Les chants des temps de prière me sont
entrés dans la tête et risquent de venir régulièrement me rappeler Busan quand
je serai rentrée à Paris. Je suis complètement imprégnée par l’ambiance de communion,
ou en tout cas de forte fraternité chrétienne, qui règne ici. Je suis encore
dans l’énervement de ne pas voir les discussions se concentrer sur les vraies
questions et perdre du temps à pinailler sur une formulation. Je ne suis même
pas sûre que nous puissions discuter correctement des orientations
programmatiques ou des priorités de travail tellement nous perdons de temps sur
les déclarations publiques…
(c) teresiah Mojki pour le COE |
Mais c’est aussi l’heure du bilan. Malgré toutes les
expériences très fortes que j’ai faites (mais dont il est difficile de rendre
compte au retour…), j’ai trouvé que le principal reproche que l’on puisse faire
à cette assemblée est d’avoir manqué d’articulations :
- -
Entre le cœur et la tête : nous avons
entendu beaucoup de témoignages très émouvants, mais jamais pris le temps de
prendre un peu de distance avec l’émotion, d’entamer une réflexion et de l’intégrer
dans les documents qui sont en train d’être votés.
- Entre l’évangile et la théologie d’un côté et
les engagements diaconaux et développementaux du COE et des Églises de l’autre.
On se demandait parfois si le COE est un conseil d’Églises ou une ONG
chrétienne internationale. Le travail de Foi est Constitution est apparu comme
un élément à part, un peu étranger au reste du travail du COE, presque comme un
cheveu sur la soupe vu son manque d’articulation avec le thème « Dieu de
la vie, conduis-nous vers la justice et la paix ».
- Entre la compétence et la représentativité des
personnes à élire au comité central.
- Entre ce qui se vivait à l’assemblée et la
nécessité de la rendre le plus accessible possible sur le Net. Il y avait
parfois tellement de photographes et de cameramen qu’il était difficile de se
recueillir pendant les prières et que je ne voyais plus le grand écran durant
les plénières… Pour vivre pleinement les choses, il faut ne pas être toujours
en représentation.
- Il m’a manqué du temps pour rencontrer des gens
d’autres confessions chrétiennes, en particulier les orthodoxes. Pourtant, Si l’on
pense les différentes confessions comme des membres du même corps du christ qu’est
l’Église universelle, alors ces temps de rencontre permettent de prendre
conscience de l’articulation entre les Églises membres et même entre les
membres de l’unique corps du Christ…
Des caméras et photographes ultra-présents (c) CSG |
Je ne sais pas si le COE est une machine qui manque juste un
peu d’huile pour graisser les rouages, ou s’il est un organisme, qui a besoin d’exercice
et de mouvement pour ne pas se figer et se recroqueviller, mais venant d’une
culture où la réflexion est importante, je suis un peu déçue du manque de
profondeur dans les décisions que nous prenons et les textes que nous adoptons…
Un corps qui n’a pas
d’articulation fortes risque de devenir un pantin… D’un autre côté, un corps
atteint par l’arthrose évolue moins bien et risque de devenir immobile et de ne
plus remplir sa mission…
J’aimerais que le COE, en tant qu’organisme vivant, prenne
un peu plus soin de ses articulations.
Claire Sixt-Gateuille
A mon avis, le temps manque toujours pour mener des réflexions plus profondes dans ce genre de grand rassemblement. L'intérêt est peut-être justement que l'on y puise en vrac les matières à réflexion pour les apporter "chez soi" pour être mûries et partagées avec ceux qui n'ont pas pu participer en direct par exemple. L'autre intérêt de l'assemblée aussi, ce qui n'est pas moindre, est bien exprimé par Laurent Schlumberger dans son commentaire ci-dessous, c'est que c'est une sorte de Pentecôte actualisée. L'élan et l'énergie dont vous êtes bénéficiaires là-bas profiteront certainement à d'autres ici. En tout cas, tel est mon espoir. Hanta Rajaona
RépondreSupprimer