Quand on voyage pour la première fois vers l'Asie et on descend enfin de l'avion à Séoul on ne s'attend pas forcément à retrouver dans les lignes de contrôles à la frontière quelqu'un qui habite son propre village. Aie je devrais dire ville, car Ferney Voltaire, centre de l'univers (mon mari y habite, moi aussi parfois quand je ne suis pas parisienne) est une ville, aux portes de Genève, avec environs 8000 habitants, mais aussi environs 90 différentes nationalités. Dans ce contexte alors il est peut être tout à fait normal que la personne de "mon village" que je rencontre avant de passer la frontière était un prêtre orthodoxe d'origine roumaine. Le père Daniel Bouda travaille au Conseil oecuménique des Églises à Genève et habite en France. Il arrivait en avance de l'Assemblée pour enseigner au GETI. J'étais très heureuse, même dans mon état post-voyage, de rencontrer mon ancien collègue du COE au début de ce pèlerinage vers Busan.
De l'autre côté des formalités de visa, je franchi la porte d'arrivée en Corée et encore une surprise m'attend. Karine Gerstlé de l'Eglise Protestante Unie de France guette les professeurs et étudiants qui arrivent pour le début du GETI. Alors mes premières paroles en Corée sont en français (faut-il avouer qu'avec le père Daniel nous avons parlé en allemand, mais je précise, à ce moment là je n'avais pas encore officiellement franchi la frontière). Karine se retrouve à Séoul non seulement pour le GETI mais au mi-parcours d'un semestre d'études à la Faculté Presbytérienne d'Incheon. Karine écrit un blog sur ses impressions de la Corée Bienvenue au matin calme Regards sur la Corée. Catholic News Service parle (en anglais) de Karine dans un article sur GETI.
Juste avant de retourner à la faculté pour ses dernières six semaines de cours Karine a pris le temps d'écrire quelques impressions personnelles concernant son expérience du GETI. Elle va rentrer en France juste avant noël mais conte fermement prendre part au Pèlerinage de Confiance, la rencontre européenne organisée par la Communauté de Taizé en fin d'année. Cette année c'est la ville française et européenne de Strasbourg qui accueille. Karine va de pèlerinage en pèlerinage avec l’œcuménisme.
Jane Stranz
Je suis vraiment heureuse
d'avoir eu la chance de participer au COE et en plus au GETI, qui est
le Global Ecumenical and Theological Institute. Quand je repense à
cette expérience je ne me rends pas compte que nous étions 150 et
ce n'est pas ce qui m'a le plus marqué. Les lectures ressemblant
énormément au format universitaire comme je le connais bien puisque
j'étudie depuis plusieurs années maintenant la théologie. Ce qui
est plus impressionnant c'est d'échanger avec des personnes issues
de dénomination totalement différentes. C'est une façon d'ouvrir
son horizon, ne plus voir le monde théologique uniquement par la
lucarne protestante mais découvrir qu'il y a d'autres théologie.
C'est une façon d'être déplacée, un peu comme ma première année
de théologie où le professeur de théologie pratique nous à dit
qu'il était là pour déconstruire et reconstruire notre foi.
Etudier avec 150 personnes de 60 pays différents, de 80
dénominations différentes mais toutes tournées vers un même
Seigneur est une façon de déconstruire certaines sécurités pour
reconstruire avec une visée plus grande. Aujourd'hui, je ne peux
plus penser que je suis protestante, ce qui me vient avant tout en
tête est que je suis chrétienne. Mais tout n'est pas rose non plus,
L’église reste divisée et j'ai trouvé que souvent les discours
étaient trop lissés, politiquement corrects, que ce soit lors du GETI
ou des plénières et autres rencontres du COE. J'ai aussi souffert
de l'absence du Christ dans les discussions, ressemblant parfois plus
à un rassemblement d'ONG que d'un rassemblement d'églises. J'ai
aussi trouvé que certaines questions n'ont pas été assez abordées
comme la sécularisation qui touche plus les pays occidentaux, ou
encore toute la question sur l'eucharistie.
J'ai été touchée par le
cours du professeur Stephen Bevans qui nous a parlé de la vision catholique
de la mission, Ou encore Gina Belefeatto qui, à l'aide de graphiques,
nous a montré que la proportion de chrétiens dans le monde en 100 ans
n'avait pas diminué mais les « centres » ont juste été
déplacés.
Je reste toutefois un peu sur ma faim ; souvent après les
lectures, j'avais envie de dire « Et après ? ». Je
suis heureuse de savoir ce qui se passe, mais concrètement, que
pouvons-nous faire ? J'aurais aimé que l'on nous dise plus
concrètement comment nous impliquer, nous en tant que chrétiens et
en tant qu'église... parce que ce qui m'importe maintenant, ce n'est
pas seulement ce que je vais en tirer personnellement mais plus
comment partager cela avec mon Église et comment pouvons-nous tendre
à une unité en Christ ?
Je ne sais pas si cette
expérience m'a changée, je pense qu'elle a fait émerger quelque
chose qui était déjà là depuis longtemps, car je viens d'une
famille oecuménique et aussi parce que je m'investis par le biais de
la communauté de Taizé notamment dans les rapports oecuméniques.
Je songe à orienter mon sujet de mémoire sur les questions d'unité
et d'oecuménisme tout en respectant nos différences. L'expérience du COE n'a
cessé de faire grandir cette idée en moi. Ne plus réfléchir
à l'Église comme division, réfléchir à plus d'unité et comment
d'Églises divisées, devenir Églises unies? Nous avons déjà fait un
grand pas en devenant l'Église protestante unie de France et je
trouve cela encourageant pour la suite. J'ai l'impression qu'une
fenêtre venait de s'ouvrir devant moi et j'ai vraiment envie de
l'explorer.
Mais le GETI m'aura avant
tout fait rencontrer des gens plus ou moins proches géographiquement,
des amitiés et aussi une envie de travailler ensemble sur les
questions et thématiques que nous avons abordées pendant deux
semaines. Si je ne devais donner qu'un verbe pour décrire le GETI,
je dirais : Rencontrer.
Karine Gerstlé
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