D. Crouzet au micro lors de l'Assemblée de Porto Alegre |
La première fois que j’ai découvert ce
sigle, je me suis bien demandé ce que cachaient ces quatre lettres si proches
de celles d’une agence d’espionnage bien connue. Et lorsqu’en 2006, après
l’assemblée de Porto Alegre, j’ai été sollicité pour faire partie de cette
commission, j’y ai regardé de plus près. CCIA est l’acronyme de
« Commission of Churches for International Affairs ». En
français : « Commission des Églises pour les Affairesinternationales ». Cette commission est chargée de préparer des dossiers
pour le comité central du COE, de réfléchir aux déclarations publiques et
d’attirer l’attention des instances internationales – telles que l’ONU, le FMI,
la Banque mondiale – sur telle ou telle situation ou thématique.
La CCIA se compose d’une quarantaine de
personnes aux profils divers appartenant aux Églises membres du COE : pasteurs
et laïcs « de base », « chefs » d’Église, économistes,
juristes, spécialistes des Droits humains, théologiens. La commission se réunit
une fois tous les dix-huit mois et travaille en sous-groupes dans les
intervalles, le plus souvent par courriel. L’équipe de permanents de la CCIA à
Genève organise régulièrement des conférences et des colloques.
Chaque rencontre est l’occasion de
rendre visite à une Église, de soutenir son travail, de lui donner une
visibilité auprès des pouvoirs publics. Au cours du mandat écoulé (2006 –
2013), la CCIA s’est ainsi rendue à Cuba, invitée par l’Église
presbytérienne ; en Albanie, invitée par l’Église orthodoxe ; en
Chine, invitée par le conseil d’Églises chrétiennes. C’était la première fois
depuis sa création en 1948, que le COE était autorisé à organiser une
conférence de ce pays.
Au cours des dernières années, la CCIA a
travaillé sur la marchandisation des biens publics (comme l’eau), la
liberté religieuse, le sort des apatrides et des réfugiés, les migrants, les
relations interreligieux, le triptyque pauvreté-richesse-écologie, la justice
sociale.
La CCIA ne produit pas de documents de
manière théorique. Tout texte est issu de situations concrètes et s’appuie sur
des témoignages et des visites sur le terrain. Par exemple la réflexion sur les
apatrides est née de l’interpellation des Églises chrétiennes du Bangladesh.
Celles-ci interviennent dans des camps
de réfugiés installés depuis près de quarante ans sur le territoire du pays et
elle s’épuisent. Elles ont demandé l’aide du COE pour les aider à faire
pression sur leur gouvernement afin qu’il signe la convention internationale
sur les réfugiés et apatrides.
Le travail sur les migrants est parti
d’une demande du Conseil des Églises Chrétiennes au Moyen Orient qui avait eu
vent des conditions déplorables dans lesquels les travailleurs migrants,
principalement pakistanais, étaient traités dans les Émirats du golfe.
Au final, on peut dire que la CCIA
assure sa part de témoignage évangélique au sein du COE : elle fait
entendre les voix du monde au sein des Eglises membres. En leur nom, elle porte
les voix des sans voix auprès des gouvernements et des organisations
internationales.
Didier Crouzet
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