MC Michau (c) D.Cassou |
Représentante des Églises françaises luthériennes et
réformées au Comité central sortant du Conseil Œcuménique des Églises, j’ai été
invitée à évoquer dans ce blog quelques-unes de mes impressions de ces 8
années.
La première chose qui frappe lorsque l’on participe à une
réunion du Conseil œcuménique des Églises, c’est la variété des tenues :
chemises violettes des évêques luthériens ou autres, cols romains, grandes
croix, soutanes noires, bleu plus ou moins clair et même roses ou jaune vif
(Inde) ! Beaucoup de diversité aussi dans les coiffes : capuchons, kamilavkion
(coiffe orthodoxe) de formes variées, avec ou sans voile, mitres... La variété
des tenues des femmes impressionne moins, sans doute parce que l’on y est plus
habitué : sari, boubou, robes très colorées, couvre-chefs de toutes
sortes…
Depuis 2005, j’ai participé à 6 Comités centraux (5 à
Genève et 1 en Crête). Au-delà de l’importance du travail à fournir avant,
pendant et après chaque session de 8 jours pleins, des difficultés
linguistiques pour travailler en anglais, de la fatigue des longues journées,
que de joies dans toutes ces rencontres !
Le mélange des cultures s’accompagne de beaucoup de bonne volonté pour
se comprendre et chacun est bien persuadé que l’on peut être chrétien et Eglise
de bien des manières différentes ! Et les périodes difficiles que nous
avons traversées, les recherches de nouveaux responsables, les soucis
financiers, les discussions théologiques sans cesse à reprendre, perdent de
leur importance quand on les met en regard de la joie d’avancer ensemble, de
voir se dégager des consensus progressifs et se finaliser les documents sur
lesquels nous avons travaillé.
Mes plus mauvais souvenirs sont liés à des périodes de
tension entre différents groupes confessionnaux ou régionaux au sein du Comité
central. Des moments où la prière est bien nécessaire, où il faut écouter ses
sœurs et ses frères, essayer de comprendre les raisons de leur colère, chercher
des solutions acceptables par tous. D’autres moments difficiles sont liés à la
prise de conscience des malheurs qui accablent certaines populations :
catastrophes naturelles ou, plus souvent, guerres et leurs cortèges de
souffrances. C’est autrement prégnant de rencontrer les victimes ou leurs porte-parole
que de lire son journal ou de regarder la télé !
Tente de la Célébration à Porto Alegre, (c) Pauline Menezes |
Mes meilleurs souvenirs sont de différentes natures :
la beauté et la ferveur des célébrations en est un des aspects. Dans la très
belle chapelle du centre œcuménique à Genève ou sous des tentes comme lors
de l’Assemblée générale de Porto Alegre
au Brésil en 2006, la participation des différentes traditions, l’utilisation
de toutes sortes de langues, et l’excellente préparation qui autorise ces
associations, permet à chacun de se sentir à la fois chez soi et accueilli par
d’autres disciples du même Seigneur. J’ai aussi beaucoup aimé les partages
bibliques en petits groupes. Que de richesses quand les différentes cultures
nous donnent accès à des résonances nouvelles des textes en nous et que le
témoignage de chacun nous ouvre de nouveaux horizons ! Ces moments ont
aussi été souvent, pour moi, l’occasion de partages en profondeur avec d’autres
francophones, Africains en particulier. La façon dont les textes bibliques
parlent à des femmes et à des hommes confrontés plus que moi aux précarités de
l’existence a été un cadeau précieux pour reconnaître la grâce donnée par Dieu
à tout être humain. Les rencontres interpersonnelles, les amitiés qui se nouent,
les échanges profonds avec les porteurs d’une Bonne Nouvelle qui transcende les
différences de cultures, ont été des occasions de grandes joies.
Ma foi s’est approfondie au contact de ces autres
chrétiens parfois bien étranges. Et aussi mon envie de les comprendre, mon
souci de rencontres véridiques, d’un œcuménisme qui est la recherche ensemble
des dons différenciés du Dieu unique, le Dieu de Jésus-Christ, au monde et, en
particulier, aux être humains et à son Église. J’en remercie Dieu, mais aussi
les sœurs et les frères qui m’ont permis de vivre d’aussi précieux moments.
Marie-Christine
Michau, membre sortant du comité central du COE
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