dimanche 20 octobre 2013

la "Mission depuis la périphérie"


Plénière, AG COE 2006 à Porto Alegre (c) Igor Sperotto

Le document du COE « Ensemble vers la vie », qui est un document « programmatique » pour la mission et qui sera présenté à l’AG du COE à Busan, propose une vision holistique de la mission. C’est un texte qui veut tout dire et tout inclure dans la mission, et du coup il est très difficile à lire pour moi, occidentale ayant une logique linéaire. Mais s’il y a une dimension qui m'a interpellée dans ce texte, c’est l’idée de « mission depuis la périphérie ».

La « mission depuis la périphérie », c’est l’effort pour adopter, en matière de mission, le point de vue de ceux qui sont marginalisés, renvoyés vers la périphérie. Elle s’oppose à la mission paternaliste ou en tout cas à une mission qui serait uniquement décidée par des personnes en position de pouvoir à destination de personnes qui n’en ont pas (de pouvoir). Car, d’après cette conception, « dans la mission depuis la périphérie, on reconnaît que, être au centre, cela signifie avoir accès à des systèmes qui affirment et respectent ses propres droits, sa propre liberté, sa propre individualité », mais pas forcément ceux des autres.  

La mission depuis la périphérie est portée par l’Esprit Saint dans une dynamique de libération, dynamique qui correspond à la conception biblique du Dieu libérateur. En effet, « Les gens qui vivent à la périphérie, en marge, ont un potentiel d’action et, souvent, ils peuvent voir ce qu’on ne peut pas voir depuis le centre. Vivant en situation de vulnérabilité, les personnes qui vivent à la périphérie savent souvent quelles sont les forces d’exclusion qui menacent leur survie, et elles sont le mieux placées pour discerner l’urgence de leur lutte ».

Je retiens de cette « mission depuis la périphérie » une idée forte :
Quand on pense mission, on est souvent dans une logique centrifuge : nous sommes les agents de la mission, nous sommes du côté de Dieu, et nos destinataires sont plus loin de Dieu et nous leur apportons l'évangile. Or la mission depuis la périphérie nous montre que nous sommes parfois, involontairement, complices de structures et de systèmes et membres de société qui mettent des gens à la marge. Ces personnes à la marge peuvent être pour nous des agents de mission en nous aidant à prendre conscience des aspects négatifs de nos structures et de nos sociétés, donc en nous montant que nous sommes « complices du péché », de ce qui met la vie en danger, et en nous aidant à nous convertir à plus de justice. Ces personnes, dans leur combat quotidien pour la vie, ont souvent un capital d’espérance active et une grande persévérance qu’ils peuvent nous transmettre et qui peuvent nous soutenir dans nos propres difficultés. Cela inverse les rôles. 

La mission depuis la périphérie m'invite à changer de point de vue, à dénoncer les « structures pécheresses », les blocages et les fonctionnements injustes. Et à passer d’une vision centrifuge de la mission à une vision de « la mission de partout à partout » pour reprendre une expression bien connue (celle qui fonda la CEVAA), pas seulement au niveau des Eglises mais entre les individus ; une mission centripète qui nous rapproche, tous ensemble, décideurs et destinataires, du centre qui est Jésus-Christ. 

Claire Sixt Gateuille

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