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Munib Younan, président de la FLM |
L’immense salle de bal du centre des congrès accueille les
« rencontres confessionnelles » des luthériens, groupe le plus
nombreux à l’assemblée de Busan. Aussitôt, sous la présidence bienveillante et
affable de Munib Younan, on ressent une unité évidente et profonde.
Si la langue de travail à la tribune est toujours l’anglais,
les trois délégués qui m’entourent – un Indonésien, un Tchèque et un Anglais – préfèrent
l’allemand comme langue de conversation courante. Le secrétaire général Martin
Junge, chilien comme son nom l’indique, veille cependant à ce que l’image du
luthéranisme évolue et reflète la vraie diversité d’une communion mondiale, qui
a essaimé bien loin de Wittenberg. Le lien fondamental n’est pas ce vernis
culturel « rose de Luther », mais plus substantiellement la théologie de la liberté chrétienne :
« libérés par la grâce de Dieu ».
Junge rappelle les origines de la Fédération luthérienne mondiale (FLM) en 1947, dans un contexte d’après-guerre où l’Eglise était
particulièrement consciente de sa faillibilité si elle restait isolée. D’où un
appel constant, depuis lors, au dialogue et à l’ouverture, au point que l’on
peut dire aujourd’hui « Etre luthérien, c’est être œcuménique ».
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Martin Junge, secrétaire général de la FLM (photo prise à Lyon,lors de l'inauguration de l'EPUdF) |
Les luthériens ne se satisferont donc pas de rester
confortablement dans leur cohérence confessionnelle interne, mais, relève Junge,
se confronteront au nouveau défi œcuménique : Comment comprenons-nous nos
différences ? A une époque où la communication devient instantanée, cela
ne risque-t-il pas de faire ressortir les coupures au lieu d’établir une
communion ?
Quel contraste par rapport à d’autres voix, sceptiques,
voire presque anti-œcuméniques, entendues au cours de cette assemblée !
On comprend alors tout l’enjeu d’une commémoration œcuménique
en 2017, que vous signalait ici Jane Stranz : que les traditions ne se
replient pas sur elles-mêmes. C’est ensemble, avec les partenaires du COE et
avec les catholiques romains, que nous pourrons donner la plus forte
actualisation au message de la Réforme. Sola
gratia, ou en d’autres mots Not for sale !
Frédéric Chavel