mardi 3 décembre 2013

De la joie dans nos bagages

(c) Peter Williams pour le COE
Vous nous avez suivis pendant l'assemblée, nous vous avons livré nos impressions à chaud, parfois réflexions surgies d'une expérience, parfois exaspération face à ce qui se passait, parfois anecdote que nous avions envie de vous partager. 
Le mercredi 27 novembre, nous nous sommes retrouvés pour faire, cette fois-ci, un bilan à froid. 18 jours après le retour, nous avons pris de la distance face au sentiment de frustration et nous sommes plus conscients de l'expérience incroyable que nous venons de faire. Voici ce qui est ressorti de ce bilan :
(c) Joanna Lindèn-Montes pour le COE
Une expérience humaine jubilatoire

Ce que les participants en retiendront en premier, mais qui est aussi le plus difficile à transmettre, c’est l’expérience humaine et la joie que nous en avons tirée. Une assemblée du COE est toujours une occasion de toucher du doigt l’Eglise universelle. La diversité extraordinaire rencontrée à travers les uns et les autres se double d’un sentiment de communion fort et d’une grande bienveillance les uns pour les autres. Être frères et sœurs en Jésus-Christ devient particulièrement concret dans ces moments-là. Les réunions confessionnelles sont des temps où l’on se sent particulièrement « en famille ». Nos émotions ont aussi beaucoup été sollicitées, avec la beauté des chants et des gestes symboliques, avec des témoignages d’engagements personnels forts et des récits d’expérience touchants. Nous avons enfin pu constater l’efficacité du mode de décision par consensus utilisé lors de l’assemblée.



Le thème : Dieu de la vie, conduis-nous vers la justice et la paix
Les différentes plénières du matin nous ont permis un constat, celui de la force des engagements chrétiens dans le monde, engagements divers, nombreux et souvent très actifs et efficaces. Sida, pauvreté, conflits armés, inclusivité, dialogue inter-religieux,ne sont que quelque-uns des nombreux engagements des Eglises et des chrétiens dans le monde. Les cris de souffrance entendus nous ont également montré l’ampleur des besoins.
Cela dit, de tous ces témoignages et engagements, nous ne sommes pas toujours arrivés à distinguer en quoi ils étaient typiquement chrétiens et quelle articulations ils avaient avec la personne du Christ. Et plus généralement, nous avons vu le risque que le COE devienne une ONG chrétienne de plus et que cette dimension prenne le pas sur la dimension de « communauté d’Eglises ».

La réalité des Eglises coréennes
Etre en Corée nous a permis d’effleurer la réalité des Eglises coréennes. Nous y avons vu le succès du christianisme mais aussi les logiques conquérantes, et parfois excluantes, qui y sont à l’œuvre, en particulier dans les Eglises ultra-conservatrices hostiles au COE, qui venaient manifester chaque jour devant le centre de congrès où nous étions.
(c) Anne-Sophie Guerrier
Nous avons été parfois choqués par la recherche de puissance et le culte de la performance que l’on retrouve tant au niveau architectural dans les buildings que dans la culture du leader charismatique et incontesté qui règne dans la plupart des Eglises. Nous avons aussi aperçu quelques failles, comme des témoignages poignants sur la situation des chrétiens en Corée du Nord ou quelques critiques émises par des coréens (souvent ceux qui ont fait l’expérience de vivre à l’étranger) sur la logique des Eglises, très concurrentielle (même en interne). 
Nous avons apprécié de façon unanime la qualité et l’équilibre de la cuisine coréenne, qui nous a semblé faire le lien avec les racines de ce peuple, l’aider à se ré-ancrer dans une dimension horizontale. 

Les manques de l'assemblée
(c) Anne-Sophie Guerrier
Nous vous avons déjà fait part de nos déceptions, en particulier trois, l’une anecdotique, les deux autres plus sérieuses. Tout d’abord, cette première assemblée à l’ère des réseaux sociaux a fait que le nombre de caméras, appareils photos et autres moyens de prise de vue nous a parfois donné l’impression, pendant les célébrations, d’être plutôt au spectacle, nous empêchant de rentrer pleinement dans le recueillement. Plus grave est le peu de temps que nous avons eu pour les procédures de décision, en particulier pour décider des grandes orientations du COE pour les 8 ans à venir… et l’autre grande frustration a été le manque d’articulation entre les témoignages, les engagements locaux et une réflexions plus théologique et/ou plus globale. La diaconie nous a parue peu pensée ou en tout cas peu pensée globalement.
Tout cela nous a fait prendre conscience de la force de nos Églises en matière de réflexion théologique, d’approche positive de la sécularisation et d’homilétique (prédication centrée sur le texte biblique et l'existentiel), et nous a donné l’envie de partager nos talents et nos compétences avec d’autres… 

En bref, on en reprendrait bien un peu...

Claire Sixt-Gateuille pour la délégation 

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